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Forêt et écosystème
forestier

Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), une forêt est une étendue d'une superficie d'au moins 0,5 ha dont les arbres atteignent 5 m de hauteur et recouvrent plus de 10 % de sa surface.  Mais cette définition ne tient pas compte de toutes les autres formes de vie qui la peuplent. Un arbre n'est jamais seul. Si par sa taille et sa longévité, il est le pilier de la forêt, il est accompagné d'une multitude d'espèces animales, végétales et fongiques, dont les interactions et les rôles sont essentiels et forment un écosystème singulier, l'écosystème forestier. Le bon fonctionnement de cet écosystème riche et complexe, fondé sur des processus biophysiques de transfert de matière et d'énergie, est crucial pour maintenir les nombreux services que la forêt nous rend. Notamment les services de régulation, c'est-à-dire la capacité à moduler dans un sens favorable à la société des phénomènes comme le climat, l'occurrence et l'ampleur des crues, la qualité de l'air ou de l'eau. Les bénéfices d'une forêt en bonne santé sont inestimables.

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Les forêts nous rendent de nombreux services

Elles sont un réservoir de biodiversité animale, végétale et fongique.

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Elles sont un puit de carbone et participent à la régulation du climat.

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Elles régulent le cycle de l'eau et limitent les inondations et l'érosion des sols.

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Forêts primaire et secondaire

Les forêts primaires sont des forêts formées d'espèces indigènes qui n'ont été ni exploitées ni défrichées par l'homme et où les processus écologiques ne sont pas sensiblement perturbés. S'il y a eu une activité humaine dans le passé, un temps suffisamment important s'est écoulé pour que la forêt ait pu redevenir primaire. Les forêts secondaires sont des forêts qui se sont régénérées là où des forêts primaires ont disparu sous l'effet de phénomènes naturels ou d'activités humaines (agriculture ou élevage). Ces forêts présentent des différences majeures en termes de structure et/ou d'espèces qui la composent par rapport aux forêts primaires. La végétation secondaire est généralement instable et représente des stades successifs.

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Les forêts polynésiennes

Les forêts recouvrent aujourd'hui 31 % des terres émergées de notre planète, et on en distingue trois principaux types en fonction de la latitude et du climat : les forêts boréales du Grand Nord, les forêts des zones tempérées et les forêts tropicales situées entre les tropiques du Cancer et du Capricorne. En Polynésie française, où les forêts sont de type tropical, aucun inventaire forestier n'a jamais été réalisé. Les surfaces des différents types de forêts n'étant qu'estimées, il n'est pas possible de chiffrer l'évolution des milieux. D'après l'Évaluation des ressources forestières mondiales (2015), la surface boisée couvrirait 200 000 ha, soit 57 % de la superficie de la Polynésie, et les forêts naturelles (hors plantations et cocoteraies) sont estimées à 140 500 ha dont 30 000 à 50 000 ha de forêt primaire peu ou pas perturbée par l'homme. Ces forêts primaires ont fortement régressé dans les zones de basse et moyenne altitude de la plupart des îles. Meyer (2006) estime que 1/3 des forêts d'origine ont disparu et ne sont aujourd'hui présentes qu'à l'intérieur des îles.  La répartition des types forestiers et des types de végétation (végétation littorale, forêt supra-littorale, semi-sèche, mésophile, hygrophile et ombrophile, maquis sommitaux) entre archipels est également très variable du fait des caractéristiques écologiques spécifiques à chaque archipel ou île et de leurs potentialités agricoles et forestières.  Les forêts littorales, de plaines et de vallées ont été modifiées depuis l'arrivée des premiers Polynésiens qui ont transporté avec eux plusieurs plantes dites « utiles », aux usages multiples (alimentaire, construction, médicinales). De nombreuses autres espèces ont ensuite été introduites par les Européens arrivés en plusieurs vagues successives depuis le XVIe siècle. Les formations végétales des Marquises, des Gambier et des Australes sont particulièrement dévastées par les animaux en liberté. Les Australes sont très touchées avec des forêts naturelles réduites à l'état de lambeaux et ne dépassent pas 1 à 5 % de la superficie des îles. À Rapa, il resterait seulement 17 % de forêt naturelle intacte.  Les forêts sèches et semi-sèches occupent environ 1 000 ha. Ce sont, avec les forêts littorales sur plateaux calcaires, les formations végétales les plus rares. Les forêts littorales ne subsistent que sur les îlots isolés.

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Espèces exotiques envahissantes (EEE)

Pour les avantages qu'elles lui procurent, l'Homme déplace de nombreuses espèces animales et végétales. L'accélération des échanges a renforcé les introductions et on estime aujourd'hui que plus de 40 000 espèces exotiques se propagent à un rythme sans précédent sur la planète. Si toutes ne sont pas nuisibles, plus de 3500 sont considérées comme des espèces exotiques envahissantes (EEE). Une fois introduites et acclimatées, elles se multiplient sans l'aide de l'homme et colonisent alors leurs nouveaux territoires, menaçant les écosystèmes, les habitats naturels et les espèces locales. Croissance rapide, absence de prédateurs, forte reproduction, sont autant de facteurs qui expliquent le succès de leur invasion. Ces EEE forment souvent des couverts denses (tapis herbacés, couverture de lianes, fourrés et forêts dites monospécifiques) qui étouffent la végétation naturelle, éliminent les plantes indigènes et endémiques, appauvrissent et assèchent les sols favorisant ainsi leur érosion et augmentant les risques d'incendies. La menace des espèces exotiques envahissantes est particulièrement forte sur les territoires insulaires, notamment en Outre-mer. Du fait de l'isolement géographique, les espèces ont évolué loin des continents, ce qui a permis l'émergence d'un fort taux d'endémisme et par conséquent d'une forte vulnérabilité face aux invasions biologiques. Les espèces exotiques envahissantes figurent ainsi parmi les principales causes de l'érosion de la biodiversité ultramarine. En Polynésie française, la flore primaire comprend environ 900 espèces de plantes indigènes dont 550 sont endémiques. Depuis l'arrivée des Hommes et notamment au 18e siècle, plus de 1800 espèces ont été introduites dont plus de 600 se sont naturalisées et constituent la flore secondaire. 10 % de cette flore introduite est aujourd'hui décrite comme EEE (arbres, arbustes, lianes, herbes, plantes aquatiques) et 35 espèces ont été officiellement déclarées « espèces menaçant la biodiversité » en raison de leur impact écologique avéré. Leur plantation et leur multiplication sont formellement interdites, ainsi que leur transport d'île en île.  Une fois largement installées, les EEE sont très difficiles à gérer et à éradiquer. Cela nécessite des moyens humains importants sur de longues durées. La prévention de leur introduction, de leur propagation et la restauration de la biodiversité sont donc déterminantes.  Pour en savoir plus :

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L'agroforesterie

Par définition, l'agroforesterie recouvre l'ensemble des pratiques agricoles qui associent des arbres à une culture agricole et/ou à de l'élevage. La bonne intégration des arbres permet d'augmenter la production, de diversifier les revenus et les services écologiques, et d'assurer la préservation et le renouvellement des ressources naturelles (eau, fertilité des sols, biodiversité…). Selon Lundgren et Raintree (1982), la gestion des systèmes agroforestiers repose sur la recherche de la durabilité d'une production diversifiée en valorisant les interactions écologiques, économiques et sociales existant entre les composantes de ces systèmes. L'agroforesterie constitue l'une des solutions d'utilisation durable de ressources naturelles limitées et d'adaptation aux changements globaux démographiques, économiques et climatiques. En multipliant les strates végétales, l'agroforesterie permet d'augmenter la diversité des espèces, des habitats, des niches écologiques, des modes d'occupation de l'espace, des fonctions et des fonctionnements écologiques. Les rythmes d'utilisation des ressources environnementales sont aussi accrus, car ces dispositifs améliorent la captation, la fixation, l'utilisation et le recyclage in situ de ces ressources. Dans notre projet, 26 ha situés en bas de la vallée de Mo'aroa sont alloués à l'agroforesterie. Y seront intégrées des espèces alimentaires (à épices), médicinales et tinctoriales. Cette zone agroforestière fait également partie de l'espace pédagogique ouvert au public.

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Mataiea, vallée de Mo’aroa

AOA Polynesian Forests intervient sur un domaine de 250 ha s'inscrivant dans un grand bassin versant de plus de 1 500 hectares encadrés à l'ouest et à l'est de hautes crêtes ; au nord, du bord de la caldeira ; et au sud, du bord du lagon d'Atimaono. En partant de l'aval, la vallée est nommée Mo'aroa, de même que la rivière qui la traverse. En amont, la vallée se sépare en deux. La vallée principale porte alors le nom de Vaitunamea, tandis que la rivière s'appelle toujours Mo'aroa et son affluent s'appelle Mairipehe. Au sein de ce grand bassin versant, les premières parcelles du domaine AOA sont accessibles par un chemin forestier suivant la rivière jusqu'au trois-quarts de sa longueur dans le sens sud-nord. Quelques sentiers pédestres tracés par des chasseurs permettent ensuite d'atteindre la caldeira du centre de l'île. En dehors de ces sentiers et lorsque l'on quitte le lit des rivières et des ruisseaux, l'accès par l'homme devient vite complexe du fait de la densité de la végétation et des pentes qui deviennent abruptes à l'approche des crêtes. La végétation est majoritairement constituée d'espèces invasives (comme c'est le cas presque partout en Polynésie française). Le taux d'espèces indigènes croît cependant un peu avec l'altitude. Une partie du domaine AOA a porté le nom de « domaine Eugénie» par le passé. L'Histoire a oublié pourquoi le nom Eugénie…
Pour découvrir la légende Mataiea

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